« Et donc, vous travaillez tous les dimanches ? Mais vous vous reposez quand au juste ? »
Je souris.
C’est vrai ça, je me repose quand ?
Je regarde ce conjoint qui manipule son fils nouveau-né comme s’il s’agissait d’une bouteille d’huile, glissante, précieuse, un don précieux venu de loin. Pendant ce temps-là sa compagne se repose. Le bébé rote et sa détente semble le faire fondre dans les bras de son père.
« Je ne travaille pas non plus tous les dimanches. Juste quand il y a des patientes que je dois voir… » Enfin sauf aujourd’hui.
Mais je n’avais pas vraiment de place pour les voir samedi après-midi, et mon lundi matin était plein. Mardi, ça faisait loin pour la pesée suivante.
Et puis il y avait cette patiente que je devais voir ce dimanche déjà, et qui a été finalement retenue par une jaunisse à la maternité.
Et puis je travaille, quoi, un dimanche sur deux ?
Il y a quelque chose de doux à se réveiller un peu plus tard le week-end, à entrer dans la matinée des gens pour prendre un café et les rassurer. Même en travaillant le dimanche, ce n’est pas le moment le plus désagréable de la semaine.
Et puis j’essaye de ne pas travailler tous les dimanches non plus. Pas d’habitude. J’ai tendance à me faire un peu avoir par la voix un peu désespérée de la conseillère de la sécurité sociale ou de la secrétaire de la HAD. Et puis, surtout, parfois j’ai hâte de voir les patientes que je connais, de découvrir moi aussi le petit être dont on parle ensemble depuis parfois plusieurs mois.
J’avoue que c’est devenu une des choses que je préfère dans mon métier.
D’un autre côté, il faudrait aussi que j’apprenne à dire non.
La première année, j’avais sur les épaules la pression financière d’un cabinet tout neuf, et je travaillais autant que possible. La deuxième année j’ai commencé à vouloir faire plaisir à mes patientes, à les arranger. Alors certes, comme sage-femme, je n’ai pas le droit au marketing, mais une patiente satisfaite reste une patiente qui reviendra et me recommandera. Maintenant… J’avoue que c’est surtout parce que dire non me fait un peu peur.
Aujourd’hui j’ai fait une demi-journée de travail, puis je suis allé faire les courses. J’ai fait le repas pour le midi et le soir, j’ai fait ma part de ménage. Je ne peux pas vraiment appeler ça un jour de repos. J’ai à peine le temps d’improviser un petit article de blog.
C’est ainsi que débute mon avent 2019.
Je vais essayer de vous partager un peu de mon année, parce que je n’ai pas vraiment eu la tête à écrire ici ces derniers mois. Je vais essayer de créer des petits morceaux sur les sujets qui m’ont touché dans cette fin d’année.
Je ne peux pas dire que cela sera forcément joyeux. Je vais y mettre un peu de moi et de notre époque. À demain.
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