J’ai essayé. Promis j’essaye. Le temps me manque.
J’avais envie d’écrire un livre en 2024, et il est en train de s’échapper.
J’ai fini le premier jet de la première partie cet été, puis les enfants ont été malades, la rentrée nous a mis à terre, et j’ai du mal à trouver plus de 30 minutes vraiment dédiées à moi-même dans la journée.
Est-ce que je vous parle de mon deuxième de 14 mois qui sait que mes tétons existent et qui semble ravi d’enfoncer l’ongle de son index dedans quand je gis, vulnérable, dans la baignoire, le matin ? Quand j’ai l’occasion maintenant rare de prendre un bain ?
Dire que c’est un premier jet est un mensonge. C’est déjà un premier jet et demi, recopié.
J’ai arrêté d’écrire sur un ordinateur. Trop contraignant.
La vie, c’est un stylo plume et un cahier qui trainent en permanence à portée de main.
Un mot, puis un autre. La douleur dans le poignet, celle qui existe depuis l’école primaire.
Je cherche la ligne claire, celle qui montre que j’écris sans colère, j’explore la vérité entre les lignes.
Une fois que la phrase est là, elle existe. On peut la barrer, l’ignorer, la réécrire, mais il s’agit d’une proposition sur la page qui a eu son instant de gloire. Jusqu’au moment où la cartouche d’encre me lâche et me force à aller la remplir. Ou que mes paupières palpitent, se plaignent de la longue veille.
J’ai écrit allongé, à plat ventre sur mon lit, sur un tapis d’éveil entre deux enfants en train de jouer, interrompu sans cesse. J’ai écrit en tailleur, appuyé sur un carton de couches, sur le tabouret de la salle de bain, esquivant les gouttes d’eau projetées par des jeux turbulents. J’ai écrit assis, à mon bureau, dans un restaurant — très souvent avec un café à la table du Relais Hospitalier avant d’aller chercher les enfants à la crèche.
Tenir un blog dans ces conditions est une gageure.
Le problème de l’écriture en dehors d’un endroit propice aux créations croisées, c’est que je ne peux pas osciller d’un médium à l’autre. Je culpabilise. L’impression de trahir mes lecteurs. J’avais ouvert un document pour 2024 : un billet de blog toutes les semaines, toutes les deux semaines ou tous les mois. Mettre autant d’efforts dans des textes pour qu’ils ne trouvent pas leur public à cause des algorithmes — qui demandent de la production, encore et encore, est une expérience frustrante. Ingrate.
On a besoin de régularité et, fatalement, de temps.
Il y a cette partie de moi qui se demande pourquoi, alors que j’écris depuis si longtemps, j’ai un lectorat aussi réduit. Puis je me souviens que ma production d’il y a une dizaine d’année était honteuse — parfois géniale, mais comme un singe qui joue avec un saut de peinture peut réussir une mauvaise imitation de Pollock. Je me rends compte qu’il faudrait que je publie davantage. Que j’ose me répéter, revenir vers les mêmes sujets. Ou que je réfléchisse à gagner de l’argent avec mes textes.
Écrire est un métier. Je le savais déjà.
D’accord, on peut faire ça en amateur, comme jardiner, bricoler ou fabriquer des bijoux. Pour le faire bien, il faut le faire souvent. Pour faire mieux, il faut se donner des moyens. C’est le sage-femme libéral qui parle.
Une heure d’écriture non rémunérée, ou voir deux patientes et payer les courses. Je pouvais me permettre de jouer à l’artiste maudit quand j’avais 20 ans, et des parents qui m’aidaient à remplir le frigo. Là, c’est le privilégié qui parle.
Pour le moment, si j’arrive à caser une douche, un café, un dîner chaud et un moment lecture dans 24h, je suis un homme comblé. Maintenant, c’est le trentenaire qui parle.
Et je repense à ce que disais Minka quand ses enfants ont grandi : elle a pu écrire, à nouveau, parce qu’elle a eut le temps et l’espace pour le faire.
Je ne peux pas écrire contre mes enfants, en les négligeant. Je ne veux pas placer cela avant ma compagne. Je dois faire mon travail de sage-femme. Je peux seulement écrire comme je le fait maintenant : quelques phrases sur l’ordinateur du cabinet quand la patiente de 14h30 n’est pas venue — alors que j’aurais sans doute beaucoup mieux à faire.
Est-ce que je vous parle de ma première de 3 ans et demi qui est une princesse sauterelle licorne poney (sic) capable de parler, de tourner, de dessiner jusqu’à s’effondrer enfin de fatigue à 20h30 ?
J’ai mis plus de trois semaines à écrire ce billet.
J’ai jeté des idées en octobre et novembre, dans l’interstice temporel ; en vrai : les enfants sont malades, la fin de l’année nous met à terre, et j’ai du mal à trouver plus de 30 minutes vraiment dédiées à moi-même dans la journée.
J’avais envie d’écrire un avent en 2024, pour faire comme tous les ans, et il est en train de s’échapper.
Le temps me manque. Je ne peux rien promettre. J’essaye.
Je fais partie de ceux qui vous lisent avec bonheur depuis quelques années. J’espère que vous aurez le temps pour l’avent 2024…
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Merci, c’est très gentil.
Je vais essayer. Mais… L’année prochaine sera sans doute plus propice.
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Très belle réflexion. Qui résonne avec les miennes de ces derniers temps.
Un livre, oui, j’aimerais. Et puis je joue aux pokemon avec Boubou. Le livre s’éloigne.
Quelques billets de blog ces temps parce que je ne travaille pas. Mais quand j’aurai repris… Que choisir ? Le violoncelle ? Écrire ? Peindre, enfin ?
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J’aime beaucoup te relire ces derniers temps, ça me fait beaucoup de bien, de voir comment tu avances sur ce front. Va m’aide à grandir aussi.
Et après… Tant de choses à faire.
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