Oh, 2024, tu commences comme 2022 et 2023, finalement, avec un poupon ronchon de 3 mois et demi dans les bras qui te hurle dessus. Il est 4h30, tu souhaites une bonne année à ta chérie qui glisse hors du sommeil.
Pour une fois que sa sœur faisait sa nuit.
J’ai commencé cet article dans le tram en allant voir une patiente pour un domicile le premier de l’an, fatigué, je peaufine pendant que le dîner refroidit sur la table.
Ça fait trop longtemps que j’écris un blog, j’ai arrêté de compter les années, mais on va lui souhaiter un « joyeux anniversaire » comme tous les ans, et bonne année à tout le monde.
À ma surprise, vu les stats, vous êtes toujours là pour me lire en 2024, alors qu’il n’y a plus Twitter (ou plus précisément il n’y a plus que Twitter — j’ai dû remettre de l’ordre dans les liens qui permettaient de me retrouver sur les différents réseaux sociaux).
Donc merci de votre fidélité.
Cette année j’ai appris un truc ou deux sur l’écriture.
Je vais enfoncer une porte ouverte, mais la réponse, depuis le début, depuis 15 ans, à « mais pourquoi j’ai l’impression de stagner ? » est que je me réveille un matin tous les 6 mois avec une idée d’article, et qu’il me faut presque plus de temps pour réapprendre à écrire, que pour pondre un billet ; du coup le meilleur conseil que j’ai reçu cette année vient de la classe d’écriture de Brandon Sanderson (trouvable en ligne sur YouTube — en anglais) : il faut être régulier.
Comment ce mec réussi-t-il à pondre 1 à 3 romans de 200 000 mots par an ? En écrivant tous les jours. En ce qui le concerne, beaucoup, mais il fait les calculs. « Si vous arrivez à faire sortir 800 mots par jours, il vous faut 120 jours pour écrire un roman de fantasy standard pour le marché. Il faut juste écrire tous les jours pendant un peu plus de 3 mois. »
Pour moi ce billet du nouvel an est souvent l’occasion de faire un point sur le moi « blogueur ». En général je vous promets un truc, genre « un article par semaine en 2021 2022 2023 », et j’arrête en mars.
On en parlait avec un patiente psy l’année dernière : « Le mois de janvier est souvent chargé parce qu’après les fêtes, les gens viennent pour leurs bonnes résolutions, disais-je.
— Moi c’est l’inverse, ils viennent en mars pour savoir pourquoi ils n’arrivent pas à les tenir. »
Pourtant il faut avouer que finir mon avent aurait pu tenir du petit miracle. J’avais commencé il y a 6 ans, pour emboiter le pas à 10Lunes, et j’ai publié un article du 24 décembre seulement en 2017 et 2019. Et cette année. Avec deux enfants en bas âge. J’ai même pu sortir un article le 29 décembre.
Comment ai-je fait ?
Déjà, j’ai hacké mon cerveau de flemmard de l’espace : j’ai des cases à colorier.
Une ligne de 7 cases par semaine sur de longues colonnes, à gauche ; à droite un contrat. Si j’écris aujourd’hui, entre 100 mots et ce que je veux, j’ai le droit de colorier la case du jour. Si je n’écris pas je dois mettre une croix noire. Ça a l’air débile mais ça marche.
Ensuite j’ai plusieurs billet cachés, ou un carnet (parce que parfois écrire à la main est plus pratique) pour commencer à travailler.
La première chose importante c’est que je Cultive mon jardin.
Je ne dirais pas que c’est un journal intime, j’ai arrêté après le lycée. Je m’inspire davantage de la méthode de Jane Austen : balancer des idées, même désarticulées, même illisibles « pourvues qu’elles sortent ». On a dit qu’il fallait écrire tous les jours, mais pas forcément des trucs cohérents ou publiables.
De ces idées, lancées en masse sur la page, je dégage ce que j’appelle des fragments. J’ai appris qu’une idée n’est pas un billet viable. Il faut en faire une histoire, l’articuler. Au moins en faire des brouillons ou des premiers jets.
J’ai un billet caché dédié que j’appelle le Métier à tisser. Ça m’a permis par exemple de rassembler plusieurs éléments au sein d’un même texte, parce qu’ils se répondaient bien.
J’ai fait ça quand ?
À partir d’octobre-novembre, bien sûr.
J’arrête de publier des premiers jets. Je m’astreins à reprendre mon texte, à le digérer.
Pour ça j’ai un retroplanning, je l’ai nommé mon Patchwork parce que j’aime bien les métaphores filées (il y a des fils rouges partout, des fils narratifs, etc).
Le plus dur, presque, ça a été de se dire 10 jours avant que je n’avais toujours rien pour le 20 ou le 22 au, que le 21 ou le 17 demandait plus de temps d’écriture que prévu.
L’inversion 22 et 21 est volontaire ici.
Je savais que je devais écrire l’histoire d’Amélie. J’avais besoin de la faire sortir, pas brute, non. Plus jamais. Je l’ai fait pour moi.
Les billets qui ont l’air « d’avoir marché » sont ceux où je me suis un peu forcé. J’ai appris que je pouvais écrire sans l’inspiration, parce qu’elle est inconstante ; que je peux écrire un texte dans le transport émotionnel total, les larmes roulants sur le clavier, et faire un plat. Qu’il vaut même mieux le soumettre ensuite à plusieurs éditions et révisions pour voir si ce qui me touche tant à l’écriture fonctionne toujours le lendemain.
Nous devons cet avent aux autres également.
Finir en avance, c’est se permettre d’avoir une lecture par ma chérie, mon alpha reader.
Elle a tout relu, a commenté, rejointe parfois par ma sœur. Ma chérie s’est couchée seule plus souvent au mois de décembre, et si je n’avais pas eu son soutien, si elle n’avait pas surveillé les deux enfants au moment du bain pour me permettre de publier, il n’y aurait pas eu d’avent.
C’est cliché : derrière chaque auteur il y a un couple. Il faut détruire l’image de l’écrivain solitaire dans son bureau du grenier, car la famille tourne et ce temps de travail n’est pas une tache domestique.
« Je suis contente que ça soit enfin fini » m’a-t-elle dit à Noël. Ça ne l’est pas tout à fait, mais je ferai en sorte que ça ne soit plus aussi intense. Je ne la remercie jamais assez de m’avoir pris ainsi, avec ma pulsion, et de la tolérer comme elle le fait depuis 12 ans.
Pendant que je remercie les gens, j’aurai un mot pour Kahte sur Mastodon, pour Leitha sur Twitter et Bluesky, pour Leya qui a imprimé le premier texte pour le mettre sur son frigo ; leur relais est inconditionnel et si vous voyez ce texte, c’est sans doute grâce à elles.
On vit dans un monde d’algorithmes, et la visibilité de mon travail dépend du fait que les gens partagent et aiment sur les différents réseaux. J’ai l’impression de quémander de l’attention, mais je n’ai pas inventé ce système détestable qui fait que pour être vu il faut se vendre.
Merci de le faire quand vous y pensez, quand vous le pouvez.
Je vous garanti que l’on voit la différence dans les statistiques.
Ça fait parti des petites choses qui aident à rester motiver, et à publier plus de textes.
On continue en 2024 ?
Ce serait bien de continuer en 2024, je crois (:
Quant à écrire un roman de fantaisy en pondant 800 mots par jour… Parfois il faut juste se poser et réfléchir pour savoir quoi écrire et découvrir quelle tournure prend l’histoire, non ?
Meilleurs vœux en tout cas !
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De son point de vu, le but c’est de produire. Je comprends la logique ^^
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Ça peut se défendre effectivement !
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Twi quoi ? Perso je viens via le flux RSS du Club des médecins blogueurs. Merci encore pour cet avent (celui de 10 Lunes me manque snif).
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Elle n’a plus vraiment le temps d’écrire. Elle fait beaucoup de choses !
C’est chouette d’avoir quelqu’un qui utilise encore des RSS.
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Si tu peux pour 2024, c’est volontiers 🙂 Celui de 10 lunes me manque aussi, c’est par elle je crois que j’ai atterri ici, célibataire endurcie à l’époque. Maman d’un (presque) 3 ans maintenant, j’apprécie différemment mais toujours autant ta plume.
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En plus ça fait quelques temps que je suis devenu Papa, je pense que ça a beaucoup influencé mes thèmes et mon approche.
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