Il est tard, dans les 21h30, après le dîner. Foutue heure d’hiver (#ceuxquisavent). C’est moi, face à mon écran, face à mon cahier ces derniers temps. J’ai ce truc qui me travaille depuis les vacances. Comme beaucoup d’histoires, chez moi, le démarrage est : ou alors un truc personnel, ou alors une blague qui prend. Je regarde ce proto-récit, je le poque comme avec un bâton, je le soumets à la question.
Avant le mois de juin, je pensais déjà à une histoire de paternité, avec un concept perché, que je n’arrive toujours pas à définir entièrement ; j’ai cette exploration personnelle du « être père » qui me démange. J’ai eu l’impression d’être une sorte d’arnaqueur en préparant ce précédent projet, celui qui reprend des bouts d’écrits inachevés pour les greffer, comme un docteur suisse fou, sur ma nouvelle idée. J’aime regarder ce qui pousse.
Et puis ma chérie m’a posé une question, pendant les vacances, et c’est parti en vrille dans ma tête. J’ai balayé mon établi mental pour me concentrer sur ça. C’était une blague un peu nulle, au départ, le genre qui goûte la surenchère à belles dents. Je veux en faire mon NaNoWrimo pour ce mois de novembre…
Vous avez essayé de pondre 2000 mots par jour avec un poupon dans les pattes ? Il est tard, toujours, dans les 22h, et ma chérie est déjà au lit. J’ai suspendu la rédaction de ce billet plusieurs fois pour un bruit qui venait du co-dodo, j’ai écrit quelques lignes après la journée de cabinet, comme un sas de décompression, tant le temps pour produire de l’écrit est précaire. Précieux. J’écrivais dans mon journal il y a peu que je réfléchissais à une sorte de monétisation de mon contenu, basée sur le don et le volontariat, parce qu’écrire prend sur mon temps professionnel, familial ou de sommeil.
Je ne vous fais pas un dessin sur le côté « amateur / semi-professionnel » d’une activité qui n’a pas pour vocation à rester un hobby, mais qui ne dégage pour l’instant aucun kopecs (si ce n’est la publication gracieuse de certains billets dans Prescrire, contre la réception au cabinet de deux exemplaires).
D’un côté la frustration est grande.
Pourquoi cette pulsion créatrice me prend-elle toujours au pire moment ?
On dirait que j’essaye de trouver un moyen de m’échapper du quotidien. En fait, c’était ma pensé de ce soir : débarrasser la table, ranger le lave-vaisselle et le charger, finir d’absorber ma partie de charge mentale, pour pouvoir enfin m’assoir sur ma chaise et écrire. J’ai un moment seul, une pause solitaire.
Un des enjeux de l’époque où je publiais plus régulièrement, c’était d’évacuer. Une sorte de rage-frustration après mon stage, après mes cours, après ma garde. Faire sortir la colère contre. Moi. Les autres. Le système. L’ordre de l’univers. Les larmes qui ne coulent qu’une fois passée la porte de l’appartement, une fois dénudé des vêtements de la nuit, et couvert de l’eau chaude qui coule sur mon crane.
Le réalisateur pointe la caméra vers le visage cerné et crispé.
— C’est étrange qu’il pleuve sous cette douche, n’est-ce pas ? »
Oui, ça aussi c’est romancé, possiblement mis en scène, un peu altéré, car si j’écris la réalité froide et brute de certains de mes souvenirs le public va se restreindre d’un coup à celles qui peuvent le supporter. Content warning.
De l’autre, je trouve que cet exercice du NaNoWriMo est vain pour moi.
Je l’ai déjà fait, au moment où j’étais au chômage. On s’est poussées avec des copines, on a participé aux trucs sociaux : la Kickoff, les Write-in, les Wordwars et tout le toutim. Il en a résulté un premier jet de 62 000 mots que je suis content d’avoir sorti, que je ne pourrai jamais éditer. J’ai peur de ce que je peux y lire, de la quantité de travail à avancer pour quelque chose qui était frustrant et incomplet.
C’était il y a 8 ans. J’ai mûri, je crois. Je ne veux plus raconter ce genre d’histoire maitre-apprenti ou de vieux loup blessé solitaire, ou alors différemment. Il y avait presque trop d’auto-fiction là-dedans.
J’aime beaucoup le projet sur lequel je travaille. Je n’ai pas encore trop envie d’en parler. Ou pas ici. Peut-être que je continuerai de faire un journal d’écriture. C’est mon NaNoWrimo où j’atteins les 80 000 mots en un an.
Mon NaNonWriMo.
Photo de Yannick Pulver sur Unsplash
Je ne connais pas NaNoWriMo, mais j’ai pondu mon premier roman de 80 000 mots en 2021, et cette envie de créer, qui m’a attrapée en 2018, ne m’a pas lâchée (:
Alors édité ou pas (pas, en ce qui me concerne), il faut continuer l’écriture ! Bravo !
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Le NaNoWriMo, c’est un défi communautaire où les participants tentent d’écrire 50 000 mots entre le 1er et le 30 novembre. C’est utile pour se motiver, ou se forcer un peu. Ça a par contre la tendance à forcer la philosophie du « sortir un premier jet à tout prix, même en allant vite », et il y a des gens pour qui ça ne marche pas forcément à mon avis.
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50 000 mots en un mois c’est beaucoup effectivement /: Ça peut être perçu comme « privilégier la quantité à la qualité », ça ne doit pas marcher pour tous, c’est vrai !
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Après il y a des techniques utilisées par la communautés pour se motiver, mais c’est davantage des techniques de « jardiniers » donc ça ne me parle pas.
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C’est drôle cette expression !
L’essentiel est de trouver sa propre motivation (:
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C’est une tournure qu’on retrouve dans les cours d’écriture : « jardiniers »/pantzer pour ceux qui découvrent en écrivant, « architectes »/planner pour ceux qui font un gros plan détaillé.
Et bien sûr ce ne sont que des pôles dans un processus de création.
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À mon avis il faut un mélange des deux. Avoir une trame de départ mais se laisser surprendre pendant et par l’écriture (: Sinon on s’ennuie, et on risque de laisser filer de bonnes idées à trop vouloir coller à son scénario de départ s’il est très détaillé… Mais chacun ses méthodes en réalité (:
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