Amélie est venue poser son Mirena un mois et demi après ma visite. On avait échangé quelques messages depuis, elle était venue en consultation pour des questions sur son tire-allaitement qui peinait à démarrer, mais elle avait eu le feu vert de la maternité pour poser un stérilet et commencer à parler de rééducation périnéale.
J’ai suivi de loin les hauts et les bas de cette réanimation, les sommets se devinant à l’écart des creux. J’ai eu des messages au moment du passage en soins intensifs et quand il y a eu la première infection.
« Ca doit être étrange de présenter un bébé à son aînée dans ces conditions non ? Elle n’a pas été trop choquée ? »
Les équipes de réanimation sont habituées et ça se sent. Elle est venue le voir une fois par semaine, et elle a hâte de le ramener à la maison.
C’est sans doute une rencontre étrange, quand je la compare à celle de ma fille avec son frère. Je l’avais emmenée, elle et ma sœur, voir le nouveau venu à la maternité le lendemain, et j’ai ce souvenir vivant des gestes maladroits de ma fille guidés par ma compagne pour caresser le crane chauve, ébaucher un câlin, tenir une main. J’ai des photos des premiers jours sur le tapis d’éveil avec les deux côte à côte, de nos précautions distantes. Envie de laisser faire et peur d’un accident.
Même pour une fille plus âgée, c’est une rencontre très différente de découvrir ce petit corps dans une couveuse, de seulement tenir une main dans l’habitacle chaud, entourée de machines étranges.
La pose du stérilet a été simple.
Après des accouchements, c’est souvent une formalité.
« Rappelez-vous qu’il est efficace au bout de sept jours. Est-ce que vous avez besoin qu’on fasse un rappel sur les profils de saignements ?
— C’est mon troisième, je connais, a-t-elle dit en riant.
— J’oubliais. Bon. Je vais bien voir des photos avant de vous laisser partir non ?
— Mais oui ! Où avais-je la tête ! »
Et nous voilà, à prendre du retard en regardant des photos de son Moineau qui a tant grandi depuis la dernière fois.
Vous savez, il a une ou deux séquelles de réanimation, mais c’est un battant mon petit moineau. Il est opéré dans un hôpital pédiatrique spécialisé la semaine prochaine mais… Il sort de soin intensif lundi. Elle rayonne. Puis plisse le front.
On est habitués à faire les soins, mais il est fragile. J’espère qu’on pourra bien s’en occuper à la maison. Et puis l’opération me tracasse un peu. Il a un nid douillet qui l’attend à la maison.
Vous devez être tellement heureux. Et votre fille ?
Elle ne le sait pas encore. En fait on lui fait une surprise. J’ai hâte de voir sa tête, rie-t-elle d’avance. À vous je peux le dire.
On le récupère lundi matin, et on ira chercher sa sœur avec lui. J’ai hâte de voir sa tête. Et ensuite on rentrera faire notre première nuit à quatre. On va avoir quelques jours ensemble, en famille. Enfin !
Cela a été dur jusqu’à maintenant, l’incertitude et le jour le jour, mais ça fait du bien de voir la fin des soins. On va retrouver une sorte de normalité.
Et moins dormir, conclut-elle en riant.
Une réflexion sur “Et à la fin… (24)”