Dans notre famille, le bain a une place importante. Je crois que le premier critère de recherche d’appartement avec ma chérie a été la présence d’une baignoire.
Trois bains et demi par jour, un mini ballon d’eau chaude, il faut une sacrée rotation. Clairement, ma facture EDF fait la gueule.
Ma chérie prend toujours son bain avant d’aller se coucher, depuis 12 ans que je la connais. Avec la parentalité, c’est devenu son moment à elle, seule, où personne ne rentrera dans la salle de bain pour la solliciter, une demi-heure précieuse pour récupérer un peu en fin de journée. Elle prend son bouquin, met de la musique, et, ensuite, on se brosse les dents et au lit. Les seules exceptions sont les vacances s’il n’y a pas de baignoire, et ses post-partums.
Ma fille prend son bain au début du tunnel. Si vous n’êtes pas parents, je parle ici de la série d’événements qui font que vos potes qui ont des enfants sont difficilement joignables de 18h à 20h : retour de crèche, bain, pyjama, dîner, dents, histoires, coucher. Si on en sort la tête, les dieux se mettent en colère, la gamine s’excite — mais en étant fatiguée, elle va donc jeter des trucs partout en riant aux éclats avant de geindre pendant 5 minutes en demandant un câlin — elle se couchera plus tard, sera plus fatiguée le lendemain et…
Les enfants ont besoin de routine.
Elle aime jouer dans l’eau, et nous lire à côté. C’est un moment privilégié, même s’il faut gérer les oppositions sur les cheveux à laver et les dents à brosser. On s’en sort en jouant, en chantant, en faisant des bulles…
Ou en la forçant carrément quand on a épuisé toutes les alternatives.
Depuis peu, un demi-créneau s’est ajouté pour le nouvel arrivant. La motricité libre fait qu’il consomme beaucoup moins d’eau que le reste de la famille, mais commence à s’éclater autant que sa sœur.
Mon créneau à moi, c’est le matin. Je cherche mon quart d’heure de recentrage, quand c’est possible. Régulièrement on parle d’une douche à l’arrache avant d’emmener ma fille à la crèche.
J’émerge de la nuit, je décolle mes yeux. Le contact de l’eau chaude sur mon corps me sort de ma torpeur, j’attends que la caféine monte, je ne fais rien de productif. Parfois ma fille vient jeter un œil, jouer avec l’eau, me raconter sa vie, et repart ; j’ai le plus souvent mon moment à moi.
Ma pensée suit le fil de l’eau qui coule, se heurte à la buée du miroir. Je plonge la tête dans l’eau. L’absence de gravité, les yeux fermés, l’expiration longue, le cœur qui ralentit, le temps qui s’étire…
Puis ma chérie me crie de sortir parce que je suis en retard.
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