Salut 2023,
Tu commences beaucoup trop comme 2022 à mon goût, un week-end père-fille, avec une gamine qui essaye de monter sur tout ce qui est interdit, beaucoup sur son papa, avec 5 kilos de plus, et des nuits passées entre nous, à changer de positions, et à nous mettre des coups de pied.
Mon billet de nouvel an est encore un peu en retard, et ce blog existe depuis trop longtemps pour que je m’amuse à compter.
J’ai passé un réveillon très simple avec ma petite famille, du fromage et une demi bouteille de champagne. Les fêtes ont été en demi-teinte, ma mère m’a appelé en pleur trois fois entre Noël et le jour de l’an. Je n’ai pas eu plus de trois heures de sommeil d’affilée depuis 1 mois, et, fêtes obligent, l’agenda est semi-plein en ce moment. La pression financière qui pèse sur les cabinets libéraux est toujours aussi forte et, pour cette raison, ça fait 6 mois que j’ai commencé à faire quelques dépassements d’honoraires.
Ça allège un peu. Ça soulage. J’ai eu du mal à m’y faire et de ne pas les rendre systématiques.
Mais il faut se rendre à l’évidence que mon système personnel ne tient plus face à la réalité des charges. Pour rester dans les clous j’aurais le choix entre faire moins bien pour plus de monde, ou utiliser des techniques pour faire les choses en plusieurs consultations.
Ou carrément travailler de sept heure à vingt et une heure, six jours par semaines, sans voir ma famille et en détruisant ma santé.
C’est très beau de croire en la justice sociale seul dans son coin quand la classe politique à décidé que le mot d’ordre était de faire une médecine inégalitaire.
Et clairement l’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté l’hôpital à la base, c’était pour me sentir mieux.
En vrai, je me dis parfois que je serais mieux en y retournant… Et ensuite je discute avec ma chérie, qui pourtant travaille dans une maternité où les sages-femmes sont plutôt valorisées, et je me dis que je ne pourrais pas tenir le rythme imposé par l’augmentation des inscriptions et la baisse des moyens humains et financiers.
J’aime trop mon travail tel qu’il est.
J’aime la relation de soin que je créé avec les familles au long court.
J’aime voir les gens qui vont bien, et être présent dans leurs difficultés.
J’adore me poser avec une adolescente et reprendre des bases de préventions et de connaissances du cycle menstruel, et voir l’éclair dans son regard, celui de la personne qui a enfin de quoi analyser son vécu.
Ou accueillir cette patiente, inconnue, qui sautille devant la porte du cabinet, parce qu’elle vient de découvrir sa grossesse la veille et qu’elle n’en a pas dormi d’excitation et d’anxiété ; l’accompagner mois après mois et après encore.
Je me sens utile quand cette patiente, avec qui on est en train de créer une alliance thérapeutique, arrive à moitié bien et détourne la consultation initiale pour briser le silence et parler des violences conjugales qu’elle subit pour la première fois.
Et quand une autre revient me dire que la discussion qu’on a eu sur la reprise de la sexualité après l’accouchement a apaisé son couple.
Ou quand après quatre minutes à chercher, au grand soulagement de tout le monde, j’arrive enfin à attraper cette éponge menstruelle qui échappait à d’autres doigts depuis samedi soir.
Je me rends compte que tout ça, ce sont des histoires auxquelles je n’ai même pas pensé en écrivant mon avent de 2022.
Qui n’est pas fini, hein.
Que je compte essayer de compléter plus ou moins dans les prochaines semaines.
J’ai envie de recommencer à écrire, comme tous les mois de janvier.
En fait, écrire un avent, c’est une sorte d’exercice pour se remettre le pied à l’étrier. On n’a pas de pression sur le format, on va publier régulièrement. Les gens vont nous lire, on voit les stats qui montent, les commentaires. Ça fait du bien.
Pour ceux qui ont encore un blog comme moi, qui ne font pas des threads éphémères, l’angoisse n’est pas que dans la page blanche, mais dans le fait qu’on écrit pour les autres et que peut-être personne ne nous lira.
J’ai ce souvenir étrangement persistant, sur mon premier blog, du pic de dopamine, du moment où j’ai vu que des gens venaient vraiment lire les conneries que j’écrivais. Parce que c’était nul. Genre vraiment. Peut-être pas tout, mais ce n’est pas montrable.
Je sais que j’ai déjà dis ça dans d’autres bilans, mais je vais continuer.
Si vous êtes là pour me lire, parce que c’est vraiment agréable de savoir que vous êtes là.
Est-ce que des gens lisent encore des blogs en 2023* ?
*(en vrai, vu l’état de Twitter, peut-être plus qu’avant, non ? Comme une mode qui revient ?)
Bien sûr que je continue de vous lire, et ça n’est pas prêt de s’arrêter.
Merci pour vos partages si sensibles.
J’aimeJ’aime
Merci !
J’aimeJ’aime
Merci pour vos posts, ils ont bien plus de valeur qu’un tweet à 140 caractères. Et on n’apprécie de vous lire même si on ne commente pas toujours …
J’aimeJ’aime