Je crois que je la retrouve en général au restaurant avec un quart d’heure de retard. On est chacun à un coin de Paris, dans nos cabinets respectifs, et les restaurants sont souvent de son côté à elle. J’ai peut-être aussi des tendances à être en retard naturellement.
Au départ, c’était une étudiante venue en stage à mon cabinet. J’ai l’impression que la plupart du temps elles aiment bien leur stage, mais il y en a avec qui le courant passe mieux que d’autre. Il faut comprendre qu’on s’engage à prendre avec nous, quasiment en permanence, sur des périodes allant d’une semaine à un mois, pour essayer de leur transmettre notre façon de travailler, notre vision de la profession et surtout une expérience différente de l’hôpital.
On avait pas mal de point commun, entre autre un amour de la bière, de l’opéra et des humoristes France Inter.
Elle est revenue en stage en dernière année, puis elle a été ma remplaçante d’un été avant de trouver une collaboration rive gauche. Il nous est resté l’idée de se voir tous les mois pour déjeuner, autant que possible.
« Ça passe en frais pro » est devenu une sorte de devise.
On commence la discussion sur les chapeaux de roue en attendant nos sushis. Patientes, gynécos, étudiantes passent sur le grill de notre barbecue coréen. C’est ce qui me manquait le plus dans mon cabinet : une collègue sage-femme libérale pour discuter à la pause déjeuner de sujets qui ferait bailler ma compagne, mais aussi de sujet plus personnels.
Le compagnonnage que l’on fait nous permet de voir des gens grandir dans ce métier.
Je peux dire que je me détache de plus en plus de mon rôle de mentor, et elle de son statut d’élève.