Hey 2022, tu commences comme un week-end père-fille avec un bébé qui essaye de grimper sur tout ce qui existe, même ce qui est interdit, incluant Papa, en prenant des prises étranges dans l’exercices, incluant le nez de Papa, dans le but de mettre plein de trucs interdit dans ta bouche.
Si vous avez l’impression que je me répète en ce moment, c’est que mon bébé prend une place importante dans ma vie. Le contraire serait inquiétant.
J’ai loupé le coche du 31 décembre 2021 pour mon billet anniversaire, mais après 10 ans on a le droit de déroger. Je suis rentré d’une consultation à domicile longue et fatigante. J’ai essayé de faire en sorte que deux jeunes primo-parents se sentent un peu plus à l’aise avec leur petite bestiole dans les bras. On a passé un temps infini sur un change et à faire des soins. J’ai essayé de retravailler les positions d’allaitement pour que ça fonctionne à peu presque ; en moins d’une heure c’est difficile de modifier un apprentissage stressant fait à la maternité avec une équipe qui mets la pression sur la prise de poids et s’est formé à l’allaitement il y a 20 ans.
Et on a essayé de faire le point sur la raison de sa césarienne qui n’était pas « mon bébé est en train de mourir ».
Ah. Pas merci… Je sais pas qui « pas-remercier » pour ce moment pavé d’incompréhensions médicales et de récits intériorisés.
Bref. Je suis rentré. J’ai fait le bain de ma fille. J’ai fait le coucher de ma fille. J’ai réussi à me poser pour profiter d’un réveillon court et très restreint. La probabilité de refaire une fête à quarante, avec de la musique, un buffet et des rencontres marrantes, s’éloigne de plus en plus chaque année.
Le virus qui circule a quand même solutionné ce cycle sans fin de frustration qui nous amenaient tous les ans à chercher un meilleur réveillon. Je crois que j’ai fait tout ce qui était possible :
− La grosse soirée où la seule façon de dépasser l’anxiété sociale est de boire. Le lendemain ressemble à une sorte de remise en question existentielle liée à la douleur et aux remords. Existe aussi en version « grosse soirée « dégustation » avec couples chiants ».
− La grosse soirée où on organise, et où on boit aussi. Le lendemain est d’un genre très proche, à part qu’on doit aussi ranger.
− La grosse soirée avec encore plus de monde, à l’arrache, avec des potes. Résultat très proche de la première, mais en plus ça coûte de l’argent.
− La soirée jeu de société entre adultes. Les gens qui organisent invitent un couple ultra-malaise avec 15 ans de différence d’âge, un mec célibataire pour que ma sœur « se sente moins seule » et on se brouille à vie en jouant ivre au Time’s Up. Si la gueule de bois sociale existe, c’est le truc qu’on ressent dans la semaine d’après.
− Le dîner assis entre amis choisis avec seulement des gens que l’on connait. À la dernière minutes deux personnes sont incrustées car « ils sont sympas et ils n’ont nul part où aller le 31 », et on se retrouve avec deux groupes à la même table et l’impression de s’être fait vaguement arnaquer. Le lendemain on se retrouve avec l’intégralité des problèmes cités plus haut.
− Du coup on se dit qu’on fait une grosse fête, parce qu’au moins, avec vingt personnes, on s’amuse toujours à un moment, mais on se retrouve à cinq en tailleur dans le salon à aider une copine à régler ses problèmes de cœur. Le lendemain… Bon.
− L’apéro/raclette à 4. Pas trop d’alcool, de la nourriture de qualité. Le lendemain pique un peu, mais la trentaine nous apprend à mieux gérer notre corps. Et à boire un verre d’eau pour chaque coupe de champagne.
Finalement je crois que c’est encore celle-là, la meilleure solution. Juste être avec quelques personnes sans s’imposer quoi que ça soit. Il faut apprendre à profiter du moment et arrêter de vouloir tout contrôler.
Je me revois en septembre 2020, à l’approche de la deuxième vague, à faire une mini-crise d’angoisse au fond de mon bain. Je sais plus qui avait parlé de son expérience de l’humanitaire sur Twitter, mais en substance j’arrivais au « mur », aux six mois d’anormalité où mon cerveau tentait de faire correspondre le quotidien de la pandémie avec l’ancien monde.
C’était un mur en béton, rugueux, sans revêtement. Un de ces murs de chantiers sur lesquels la peau nue s’écorche facilement au frôlement.
J’ai l’impression que la parentalité fait la même chose. J’ai arrêté de lutter. J’ai arrêté d’essayer de tout comprendre, pour l’instant. J’essaye de lâcher prise et de suivre le courant.
Mais aussi, pourquoi vouloir faire à tout prix quelque chose de spécial ce jour-là ? Ca prend la tête et le lendemain, on a le cafard.
Moi, depuis 1989, je ne fais plus rien et je m’en trouve super bien. Le 1er janvier, je me balade dans des rues vides en ayant l’impression d’être le jour de la rentrée en primaire, toute neuve et prête à prendre le futur à bras le corps!
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