Je suis déjà en retard quand je la fais entrer dans mon bureau. Je ferme la porte derrière elle. « Ça a l’air sportif comme journée.
− C’est le mois de juillet. On est moins que d’habitude, c’est un peu la course. »
« Je vais pas vous prendre beaucoup de temps, j’ai une mycose ».
S’il y a un motif de consultation qui est courant chez les sages-femmes, c’est bien ça. C’est trop bénin pour être intéressant pour la plupart des médecins, trop chiant pour attendre et ne rien faire, souvent traité par dessus la jambe par les pharmaciens plus ou moins compétents. Il y a là tout un terreau fertile de pratiques bullshit, baume, huile, bain, régime alimentaire…
Ça ressemble aussi à beaucoup d’autres problèmes dermatologiques, aussi, les recommandations sont en faveur d’une rotation des traitements antifongiques : tout ce qu’il faut pour donner du travail de prévention à une sage-femme libérale.
J’ai rencontré une de mes patientes comme ça, en rééducation post-lichen, après 9 mois d’errance diagnostic. C’est rouge, c’est irrité, ça gratte…
« Est-ce que vous avez besoin qu’on vérifie ?
− Non. J’ai regardé avec le miroir comme vous m’aviez montré la dernière fois, et tout y est : l’irritation, l’entrée rouge brique et les pertes épaisses. Je suis assez sûre de moi. »
On discute quand même de l’origine probable, quelques conseils donnés mille fois, et je lui prescrit un traitement.
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