Soleil froid

Je suis arrivé au cabinet le samedi 2 janvier.
Le soleil blafard dans le ciel ne réchauffait personne.
Je me suis dis que le masque me tenait à peu près chaud au nez.
Puis j’ai remarqué que je commençais 2021 avec 1h20 de consultation annulée. Je sais que tous les ans j’écris mon billet « anniversaire » vers le 31 décembre, donc vous avez droit à un billet décousu, mais j’avoue que je ne sais pas trop quoi raconter sur mon année.
Plein de choses, sans doute.
Mais est-ce que je suis prêt ?
Si vous lisez cet article, c’est que vous avez traversé 2020, moi aussi.

J’ai replongé dans un peu de mon passé en essayant d’écrire mon avent de 2020, et je ne sais pas si c’était une si bonne idée. J’ai été relire des articles d’il y a pfiou-lou-lou et c’est intéressant de retrouver ce qui était finalement l’histoire d’un inconnu. Je ne peux pas dire que j’ai l’impression de ne pas connaître cette personne que je fus ; certains de ses souvenirs sont encore frais dans ma mémoire ; j’ai ce pic d’adrénaline toujours présent en retournant mon sujet de Diplôme d’État. Étais-je vraiment cette personne qui râlait beaucoup sur les horaires, se réjouissait d’aller en soirée, alors qu’un bol de soupe chaude devant un navet est la meilleure chose qu’offre un jeudi soir ?

J’ai des images de gens massés sur une piste de danse, les corps se frôlant dans la pénombre, la moiteur et les basses devenant presque insoutenables ; ça me donne presque des bouffées d’angoisse. Je me retiens, et je ne fais qu’une timide remarque au mec à la caisse du carrouf en bas de chez moi en lui pointant « masques obligatoires » quand il le porte sous le menton. « Ouais mais j’arrive pas à respirer avec cette merde ».

Dans l’ensemble, moi, j’ai surtout l’impression d’avoir tenu grâce aux autres et pour les autres. L’impression d’être un maillon de chaine secoué par une tempête. Des collègues du secteur ont quitté Paris pour d’autres horizons ensoleillés, et on ressent leur absence en terme de charge de travail. Les réseaux sociaux. m’ont permis de me rendre compte que je n’étais pas seul, avec d’autres sages-femmes sur Twitter pour râler, grâce à la lecture du journal de pandémie de Christian Lehmann ; mais ils ont amplifié une sensation de décalage avec la réalité.
Je sais que c’est un effet normal.
Je me suis même demandé si, comme NiSorcièreNiFée je ne devais pas faire une pause. J’ai au moins pris un peu de distance les derniers temps.

Est-ce qu’on se dit, comme avant le premier confinement, que je reviens plus souvent avec des textes, pour 2021 ? 
En vrai, qui lit encore des blogs en 2021 ?

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