Je me suis posé sur le pouf en osier, entre la caisse de bodys et les pyjamas pliés, dans un salon que j’ai toujours vu en perpetuel rangement. Après un appel à l’aide pendant le week-end pour des difficultés de mise au sein, je suis enfin là. On peut dire qu’on avait hâte de se voir. J’ai posé ma balance sur la table, sorti de quoi écrire et je suis prêt. « Je vous ai écouté, hein, j’ai pas trop rangé, je me suis plutôt reposée. » J’acquiesce en souriant.
C’est toujours un bon début.
Cet accouchement, c’était une sorte de revanche. Elle avait envie d’accoucher sans péridurale. Mon parcours m’amène à préparer très souvent des couples avec un projet de ce genre, et le bouche à oreille les avaient amenés dans mon bureau quelques mois plus tôt. On avait parlé de sa première fille, de ce qui avait gâché la fête.
L’accouchement est un instant fragile.
Elle avait rencontré un éléphant qui, la voyant souffler dans la baignoire, lui avait exprimé très clairement qu’il ne croyait pas en la possibilité d’un premier enfantement sans péridurale. Elle avait « craqué », s’en était voulue, l’avait ruminé depuis. Elle était venue avec la ferme intention de pas recommencer.
« J’ai pris une péridurale, à la fin, dit-elle.
− Ah. » Je la regarde un instant. Son fils dort en peau à peu. La lumière baisse par la fenêtre. « Si vous en aviez besoin, c’était la bonne chose à faire.
− C’était parfait ! Les sages-femmes m’ont dit que j’ai eu de la chance sur le dosage parce que j’ai pu tout sentir ! Je pense qu’on a bien fait d’écrire notre projet de naissance. »
Son récit, ensuite, laisse entrevoir le travail accompli en amont, les conseils et techniques appliquées au bon moment − surtout une attention de l’équipe portée sur une foule de petits détails qui pourraient sembler insignifiants.
C’est bête hein, les détails.
Sur combien de mines est-ce qu’une sage-femme bien intentionnée saute-t-elle, malgré toute sa bonne volonté, si elle n’est pas au courant ? Surtout quand sa tache est de manipuler un moment si délicat.
Un projet de naissance, c’est beaucoup l’occasion pour les couples de se raconter un peu, de mettre des visages sur des dossiers. Un instant on pose son stylo et on prend le temps de comprendre l’autre.
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