Je suis un assez « mauvais ami ». Ma sœur m’a dit que l’amitié, comme un muscle, ça se travaille. Il faut voir les gens, prendre des nouvelles, créer des choses avec eux, et prendre des cafés et des verres.
Moi, j’ai une technique qui consiste à penser à quelqu’un pour une raison aléatoire, puis à lui envoyer un message du type « bières ? » au pluriel bien entendu ; puis à essayer de trouver un créneau dans mon agenda de ministre et à passer outre la fatigue.
Et puis, il faut avouer qu’en grandissant beaucoup de mes amis sont partis en province pour des raisons professionnelles ou familiales, ou n’ont jamais vécu à Paris.
Je pense que le meilleur exemple, c’est mon groupe de discussion privé avec les collègues libérales. On s’y défoule, on s’y raconte. Elles sont dans le coin de mon bureau, comme par-dessus mon épaule. Dans la solitude de ma consultation libérale, c’est un peu comme avoir une salle de repos derrière une porte imaginaire.
Twitter, dans l’ensemble, est une soupape incroyable. Pour l’instant, en tout cas. J’ai un rapport de plus en plus ambivalent avec la plateforme, capable d’envoyer des messages doux le matin, et de lyncher des gens l’après-midi.
J’ai de plus en plus conscience de l’effet « bulle » qui s’y produit. À force de côtoyer des gens bienveillants et intelligents, je me suis fait une haute idée de mes semblables.
Alors qu’en ce moment je fais mes déplacements dans Paris à vélo.
Je ne suis pas aveugle.
J’ai aussi la chance d’avoir des amis précieux. Plus précisément, j’ai surtout l’impression d’avoir peu de potes. Peut-être un degré de superficialité en moins. En écrivant ces dernières lignes, je me rends compte que je dois les appeler.
Ma chérie est également devenue marraine cette année, et j’ai du coup été contaminé dans une sorte d’euphorie pour une toute petite bestiole. J’ai même acheté quelque chose pour son Noël. On a beau croire, mais être sage-femme n’aide pas vraiment à choisir un bon cadeau, mais permet tout juste d’éviter ceux qui finiront dans un placard.
C’est aussi ça, la trentaine. Les amis font des enfants, et on recommence à acheter des jouets.
Et puis il y a ma famille. Ma sœur qui me tient debout quand je ne vais pas bien, et pour qui j’assure la même tâche. Mes parents que j’ai encore la vanité de croire éternels.
C’est dans ces moments là que je repense à un épisode de la série Daria où elle réalise que son père est mortel. Je n’arrive pour l’instant pas à accepter cet état de fait.
D’ailleurs le podcast Mortel de Taous Merakchi a failli me faire arrêter l’écoute au bout de 5 minutes. C’est un podcast pour oreilles averties.
Il y a enfin ma chérie. Je ne l’oublie pas, on garde la meilleure pour la fin.
C’est souvent elle, d’ailleurs, l’autre sage-femme dont je parle ici.
Elle est devenue évidente. Je vous ai dit que je l’aimais et que j’étais fier d’elle ?
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