Cet article est paru sur l’ancien blog en janvier 2018, une sorte de billet d’avent très en retard. Comme les autres « recyclages » il est un peu réécrit.
Installée, les fesses au bord du lit, elle est un peu tendue.
Je l’aide à respirer calmement, je la rassure. Je vérifie qu’elle est bien installée.
Avec une pince à épiler et un scalpel, je retire ses fils. Je la préviens à chaque geste. Cela tire sur le moment, puis ça soulage. On rigole entre-deux. En tout cas, on essaye.
Je suis en terrain miné. Il s’est passé beaucoup de choses sur ce sexe, ces derniers jours. En général, si cette patiente me laisse faire, c’est parce qu’elle souffre beaucoup trop de sa cicatrice.
Quand j’ai commencé les visites à domicile, je ne pensais pas qu’à part les gants, les scalpels seraient un de mes principaux achats.
La pince à épiler, c’est celle de la patiente.
Je la nettoie un bon coup avec de l’antiseptique, et je me rappelle ce que me disaient les vieilles sages-femmes pendant les sutures : « garde bien des chefs longs, c’est important si on doit retirer les fils ». J’ai l’impression que les fils résorbables ont rendus les nœuds plus serrés et les chefs plus courts. Et avec des fils devenus difficile à saisir, il me faut une pince à épiler si je veux travailler précisément. « Ils tomberont dans huit à dix jours, madame. » Mais huit à dix jours, surtout juste après un accouchement, c’est long. Vraiment long. Surtout qu’avec l’humidité de la zone, on est davantage sur un quinze à vingt jours bien tassés.
Alors, quand je vois une cicatrice trop tendue, je fais sauter les fils ; mes patientes gagnent quelques jours de confort et les allaitements se passent mieux.
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