J’étais sur un tabouret à attendre que l’infirmière finisse sa discussion avec sa collègue, une discussion super intéressante au sujet de leurs congés. Les patientes du service d’ambulatoire étaient au bloc, on en avait pour trois heures avant le déjeuner, puis encore une heure et demi à attendre qu’elles commencent à remonter.
Un stage absolument passionnant.
« En même temps tu connais Stéphanie, disait ma tutrice, elle… » Sa collègue me regardait. Elle me regarda aussi.
J’étais un étudiant presque modèle, chose plus aisée à cette époque où les smartphones étaient chers et, où, du coup traîner sur Twitter n’était pas vraiment une option. J’étais le nez dans un classeur de protocole, droit comme poteau.
« Jimmy, tu veux pas aller voir de l’autre côté si les filles en suite de couche ont pas besoin d’aide ? » En langage codé ça voulait dire « on va bitcher à mort, alors dégage », donc je suis allé voir de l’autre côté de l’étage si j’y étais.
Autant vous dire que j’étais un étudiant sage-femme particulièrement épanoui dans son stage. L’appellation étudiant sage-femme me semblait un peu ironique, vu que je voyais surtout des infirmières, et qu’elles ne savaient pas vraiment quoi faire de moi.
Alors, certes, c’était un peu mieux que mon tout premier stage infirmier, où une infirmière de l’après-midi m’avait lâché un « j’aime pas les sages-femmes, c’est des connasses ». A priori une histoire d’accouchement et de rancune.
Autant dire que le côté sage-femme, malgré un stage en salle de naissance, je ne le comprenais pas vraiment.
De l’autre côté, il y avait une infirmière vacataire qui m’a regardé comme un tas de soucis en plus dans sa journée déjà compliquée.
Et une jeune sage-femme qui m’a fait un grand sourire.
Du coup, assez facilement je suis allé avec la sage-femme.
« Tu as déjà fait des suites de couche ?
− Non.
− Et bien je vais te montrer. Ça va aller. »
Elle était gentille et bienveillante.
Elle m’a fait faire des examens en me guidant. « Comme ça je pouponne, c’est plus sympa » disait-elle. Elle m’a parlé de sa passion pour les vieilles chanteuses, elle m’a impliqué à un niveau qui n’avait rien à voir avec mon niveau de l’époque, avec des explications simples. Si je pouvais comprendre, c’est que je pouvais faire.
J’ai eu l’impression d’être un peu utile à cette sage-femme qui passait une journée pas forcément simple en riant quand-même. Elle aimait ce qu’elle faisait et c’était contagieux.
Presque à regret je suis retourné faire les lits dans le service ambulatoire à la fin de la journée. L’infirmière m’a dit un truc chiant du genre « je t’ai attendu toute l’après-midi, tu étais où », et moi j’ai serré les dents.
Encore une semaine et demi pour finir le stage. Encore six mois pour travailler avec les sages-femmes. Mais, pour la première fois depuis le début de mes études, j’avais un objectif concret pour me faire tenir.
Il faut dire que j’ai rarement rencontré un.e ESF qui semblait si immédiatement et évidemment (…) fait pour exercer ce job…
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