« Et toi, du coup, tu lui fais des massages, parfois ? » Je demande avec une fausse naïveté à une partenaire déjà motivée. « Euh, j’ose moins en ce moment.
− Et ça vous dit qu’on essaye ? »
C’est toujours le moment flottant de mon cours de préparation à la naissance sur la gestion de la douleur. On va déshabiller la patiente juste ce qu’il faut, mais suffisamment quand même. Deux centimètres de paréo en moins sur une fesse peuvent changer une ambiance que je désire un peu studieuse quand même.
Souvent les gens demandent comment s’installer, puis où s’installer, et j’avoue que les premières fois je leur disais juste « là où vous vous sentirez bien ».
La réponse était bien sûr « pas sur votre lit ».
Évidemment, jamais sur leur lit. On se fait avoir une fois, et le lit conjugal devient une extrême exception à cette règle qui amène toujours mes massages sur un canapé, avec des serviettes et un paréo. Ou un plaid. Ou par-dessus des vêtements. Ou sur une chaise, ou contre un mur, ou sur un ballon… De toute façon arrivées en plein travail il leur faudra bien s’adapter.
Passé la première hésitation, ma patiente enceinte se retrouve donc dans un feuillet de tissus, juste ce qu’il faut pour être encore dans un cadre professionnel, mais permettant d’étaler de l’huile sur sa peau nue ; sa partenaire m’en a sorti plusieurs. En parcourant les flacons je récupère celle qui me semble la plus neutre, et c’est parti.
« Est-ce que je peux te masser ? » J’attends la réponse, puis je pose mes mains délicatement sur la peau. « Je te montre, puis tu fais » et je passe les dix minutes suivantes à corriger la position des mains sur le dos, en passant sur la hanche, et touchant le ventre « Elle fait ça bien, ta chérie ? » Étrangement, celle qui se fait masser ne dit plus rien, elle soupire juste d’aise.
Je crois que ce que j’apporte dans ce bout de préparation vient à moitié de mes formations complémentaires et à moitié de mon expérience. À force de répéter les gestes, je finis par m’accrocher aux détails, et j’essaye de les transmettre.
Je m’en tiens au strict minimum, puis je m’efface.
Je vais me laver les mains et je leur laisse du temps juste toutes les deux.
C’est leur moment, et moi j’essaye de ne pas être l’intrus qui viendra faire éclater leur bulle.
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