« J’ai vraiment souffert, et j’ai l’impression qu’ils m’ont oublié dans un coin avec mon propess, me dit ma patiente, c’était vraiment dur comme accouchement ». Je connais cette maternité, et j’imagine très bien.
Je me force à me taire quelques secondes. En fait, il faut que j’écoute cette patiente attentivement, parce que, même si elle a accouché dans une plutôt bonne maternité (et oui, j’ai un classement personnel secret des maternités parisiennes, on le fait tous), je ne suis pas là pour défendre mes collègues. Je ne peux que recevoir son témoignage, lui donner l’espace pour trouver ses mots, et répondre à ses questions.
Puis l’aider, du mieux que je puisse.
J’avais tellement sous-estimé ce travail que l’on fait en libéral. On accueille les patientes après leur accouchement, entre trois jours et trois mois, et on reçoit le récit parfois très violent de leur mise au monde.
C’est dur, comme sage-femme, comme soignant, parce que c’est violent.
Je me suis réjouis de ce que font les mouvements d’usagères sur le sujet des violences faites aux femmes dans le milieu de soin dès le début, et plus particulièrement le débat publique qui s’est lancé. J’ai l’impression que l’on ouvre une brèche dans un milieu très secret, c’était ce que j’attendais depuis mes premières lectures sur les mouvements anglais et américains des femmes autour de la maternité.
Et donc en fin d’année le CNGOF a créé un label pour certifier des maternités qui traiteraient mieux les patientes. Et il est absolument pas fou. À part dans quelques endroits restés coincés dans les années 80, c’est déjà ce que cherchent à proposer la plupart des professionnelles, sans forcément avoir de label ou de projet d’établissement. Le projet de naissance reste lui mal employé et mal compris, et ça se voit. C’est une réponse creuse apportée à une plainte sous-estimée.
Parce que concrètement, comment est-ce qu’on devient bienveillant ?
C’est assez peu compliqué, en réalité : il faut écouter les gens, comprendre leurs problématiques, et y répondre.
Ce qui présuppose déjà de ne pas laisser ses mots à soi envahir les paroles de la patiente qui se trouve en face de nous..
Et d’avoir du temps. De l’énergie psychique. De l’espace.
Tout ce qui manque à l’hôpital tel qu’il existe actuellement.
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Une réflexion sur “7 Bienveillance”