« On est pas nombreux », grève oblige, dit le prof « alors on va tenter un truc expérimental. Vous allez inventer une figure. »
Ça tombe bien, parce que j’aime bien, moi, essayer de trouver des trucs inhabituels dans ma danse.
J’ai même eu un épisode très confus il y a deux ans. J’avais pris conscience que les règles classiques des autres danses sociales ne s’appliquaient pas totalement au Lindy-Hop ; c’est un mélange, une liberté. En gros, si ça fonctionne, c’est autorisé. Et ça fait rire les danseuses, ce qui reste le plus important.
S’amuser c’est déjà une première étape, mais cette danse se fait à deux, et on ne peut pas partir du principe que la personne en face va savoir ce que l’on veut dire. Il faut le dire avec son corps. Et il m’a fallu deux ans pour acquérir un peu de technique supplémentaire.
Je me retrouve donc face à ma danseuse, à réfléchir. Il y a des contraintes. Comme arriver sur une ouverture main gauche à main gauche (qui doit être la connexion la plus inhabituelle qui existe), et il va falloir partager le résultat avec le reste du groupe.
On voudrait quelque chose de fou, mais de contrôlé.
Il va falloir le refaire, après.
Et travailler dessus.
C’est très exactement ce qu’on ne fait pas en soirée, justement : prendre un truc bizarre et le retravailler sérieusement.
Ma danseuse est brutale. Très sympa, très coopérative, mais totalement brutale dans ses retours. « Je sens que tu es encore dans ta zone de confort » me dit le prof. Et je suis d’accord avec cette idée. Le problème, c’est qu’une zone de confort est quelque chose de difficile à définir. Il faut de la pratique, du temps pour en sonder les contours, puis pour faire un pas en dehors.
Je me pose cette question tous les jours, parce que j’ai l’impression d’être tombé dans une routine, au niveau de mon travail. Je ressens une inertie impressionnante, sans doute liée à la pression financière ou aux horaires. Ou à la fatigue.
J’essaye de garder une oreille attentive, et, grâce à @DreCouine qui partage des podcast féministes j’ai pas mal de matière.
On ne peut pas être sage-femme et ne pas choisir un camp. J’ai choisi celui des femmes que je vois tous les jours et de travailler pour elle. Mais c’est important d’avoir de nouvelles idées, de rester à l’écoute de réflexions venant de tous les horizons. Parfois il s’agit même de remise en question de ce que je suis, moi, une sage-femme homme.
Et après ? Une fois que j’ai dépassé ce stade du retour un peu brutal, exprimé par les personnes que je soigne, est-ce que je me résigne ?
Ou est-ce que je sors de ma zone de confort ?
Photo by Luemen Carlson on Unsplash
Merci pour cette belle série d’articles !
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Avec plaisir.
On va essayer de garder le rythme jusqu’au 24 décembre !
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