On lui a fait signe quand il est arrivé dans le bar. Il a toujours ses rides rieuses et sa moustache impeccable. Il est peut-être américain, un peu. En tout cas il a l’enthousiasme contagieux qui les caractérisent souvent, ce côté un peu énervant de répondre « Oh c’est génial » à tout ce qu’on leur dit.
Il a un côté un peu français aussi. Même s’il est turc. Très parisien dans l’ensemble.
Il s’est posé, a commandé un citron pressé et une assiette de frittes. On a discuté une petite heure en groupe réduit. Un peu de tout, de séries et de voyages, et de danse bien sûr.
Car c’est un danseur et un professeur depuis longtemps. C’est le premier que j’ai eu, et il est important pour moi parce qu’il travaille sur mon cas. Je me suis marré avec lui, je me suis énervé contre lui. Sa partenaire est une douceur bienveillante qui me donne toujours des retours d’expérience précieux.
À ma première compétition, quand je n’ai pas été en finale, il est venu me dire que ce n’est pas que j’étais nul, mais que les juges avaient des critères spécifiques qui favorisaient peut-être les autres participants.
Il ne dit pas que les gens sont bons ou mauvais. Un peu comme moi en rééducation. Il dit qu’on peut faire mieux. Il est exigeant mais juste.
Travailler avec lui est un plaisir renouvelé.
Notre groupe de danseur actuel vient plus ou moins de leur cours sur plusieurs générations. On a envie de les revoir et de travailler avec eux. On a même mis au point un cours particulier avec eux une fois par mois, et leur accompagnement est plus que précieux pour découvrir ce monde complexe de la danse sociale.