Ce matin-là mon corps m’a dit : non.
J’ai appris cette leçon avec ma courte expérience de libéral − trois ans en janvier : mon corps est mon outils de travail principal. J’utilise mon cerveau, mes mains, mes jambes, mon dos toute la journée. Parfois je fais du yoga avec mes patientes en préparation à la naissance ; et j’examine, je touche des gens et des nourrissons ; et je marche, beaucoup.
Dans les premiers temps j’ai suivi une logique simple : le travail, c’est de l’argent qui rentre. Dans libéral, il y a libéral après tout. Et après des discussions avec NiSorcièreNiFée, j’ai découvert une vraie motivation financière dans ma profession.
« Ouh, le vilain appât du gain, la vénalité, pouah. »
En effet comme tout un chacun j’aime bien payer mon loyer, me vêtir et manger de bonnes choses. Je ne crache pas de temps en temps sur une séance de cinéma, une bande dessinée ou un jeu vidéo.
Et il faut bien payer l’abonnement Netflix.
Vraiment, gagner de l’argent est une bonne chose, et avant mon installation personne ne m’avait éduqué dans ce sens.
Donc on travaille le plus souvent possible, dimanche et férié, pour ramener de l’argent à la maison et profiter des moments où on ne travaille pas.
Et puis à un moment le corps te convoque dans son bureau pour te dire que, la fatigue accumulée là, elle va bien trente secondes, et qu’aujourd’hui tu n’ouvres pas le cabinet.
Tu vas rester sous la couette, regarder une série, écouter ta chérie qui sort de garde dormir. Demain ta journée sera nulle avec tout ce que tu as reporté. Tu passes une partie de ta matinée à passer des coups de fil pour expliquer ton état aux patientes.
« Prenez soin de vous, reposez vous bien, on se voit jeudi » disent-elles, car je suis la première personne à leur faire la morale sur le manque de sommeil.
Et donc je fais ce que je dis, j’écoute mon corps et mes patientes.
Aujourd’hui je me repose.
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