La température, sur le bord du parquet, est à la limite du tolérable. Je ne parle même pas du cœur de la foule des danseurs, des coups de pieds qui partent, des filles dans leurs robes rétros qui se déhanchent en évitant l’ouverture précipité d’un autre couple. Il vaut mieux être sur la piste, au milieu de la mêlée. Des gens dansent déjà sur le bord, avec l’inconvénient d’être dans le passage de ceux qui tentent d’atteindre le bar.
L’orchestre pousse le trompettiste en avant au sortir d’une variation sur le thème de base. Chacun commence à jouer, malgré lui, la piste semble animé d’une vie propre. La caisse claire double. Quelque chose est en train de monter. Une vague que les musiciens tendent comme un élastique, quelque chose qui va exploser. Les danseurs guettent, la sueur macule les vêtements, coule à grosses gouttes sur les fronts.
Puis le break arrivent.
Des éclats de rire fusent et la danse reprend. C’est la fin, presque la fin. L’orchestre étire trop les dernières mesures et les passes deviennent improbables.
« C’est la guerre ! Impossible de danser », dit ma partenaire. Elle avait mis ses bottines, en prévision. On se retrouve à l’écart avec des amis pour respirer enfin. Chacun compte ses bleus et parlent de sa danse d’avant. Il y a des fanfaronnades, des idées plus sérieuses. Les leaders se demandent comment voler les moves des autres, les explications sont plus ou moins partielles selon la proximité.
Un morceau reprend, quelqu’un crie « J’adore Lionel Hampton » − surement parce que cette personne a bon goût − tout le monde joue des coudes pour se trouver une place sur la piste de danse.
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