Je triche, parfois ; s’il vous plait ne le dites pas à la Sécu.
Elle est fatiguée, comme à chaque séance. Elle a tant à faire, entre son aîné qui a un syndrome et son deuxième qui a déjà du reflux. Elle tient la maison car son mari travaille beaucoup, et tard, et elle ne veut pas entendre parler d’une aide à domicile. Surtout pas.
Les gens parlent dans le quartier.
Mais son bébé ne dort pas, le ménage ne se fait pas, elle n’a le temps de rien.
On a déjà évoqué le sujet. Je l’ai envoyé chez le coiffeur et l’esthéticienne.
« Mais je n’ai pas le temps pour ça !
− Vous n’aurez qu’à dire que la séance était compliquée, et que votre sage-femme vous a retenu. En vrai, votre mari ou votre belle-mère, ils savent combien de temps ça dure une séance de rééducation ? »
L’idée l’a séduite un temps, mais je n’ai pas vu de nouvelle coupe de cheveux, ou de manucure.
Elle s’effondre sur mon divan d’examen, cherche l’oreiller et pose sa tête.
« On fait quoi aujourd’hui ?
− Je ne sais pas. À la base je pensais faire des exercices.
− Oh j’ai pas eu le temps de les faire à la maison. Et un peu de sonde là, comme on faisait au début ?
− Vous avez toujours mal ? J’ai l’impression que vous n’en avez pas besoin… Est-ce que vous voulez essayer un peu de relaxation ? »
Quelques minutes plus tard, elle dort.
Vingt minutes de sieste au frais de l’assurance maladie, c’est toujours ça de pris.
Et à la prochaine séance, peut-être qu’elle repartira avec l’adresse du CMP.
Photo by Joshua Chun on Unsplash
Parfois le meilleur médicament !
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