Quand j’ouvre la porte du bureau pour l’accueillir, elle se balance un peu sur sa chaise.
« Bonjour Madame, je suis Jimmy, le sage-femme. Venez, prenez un siège. »
« Que puis-je faire pour vous ? »
# MotifCaché
Cette séquence est une des nouveautés du libéral. À l’hôpital, la patiente de 2h30 du mat’ a déjà dit à l’aide-soignante de l’accueil ce qui l’amène à consulter. Même si ce n’est pas pour ça qu’elle vient toujours consulter.
Il faudra lancer quelques hameçon et voir ce qui mord. Peut-être attendre que son conjoint aille chercher un café, remarquer la petite mention qu’à laissé une collègue lors de la consultation précédente.
« Je viens parce que j’ai eu 25 ans, et j’ai une copine qui est infirmière qui m’a dit qu’il fallait faire un frottis. Je crois. Et puis j’ai jamais eu de rendez-vous avec un gynéco, alors… »
Dans les points de suspensions se cachent en réalité beaucoup de choses. L’appréhension de la nouveauté, peut-être aussi ce qu’elle a entendu en discutant avec ses amies. La légende des gynéconnards traversent les années et les soirée parisiennes, de la bouche d’une femme à l’oreille de l’autre.
« C’est un bon motif, ai-je dis, c’est très important de prendre soin de soi. Est-ce que vous savez pourquoi il faudrait faire un frottis ?
− C’est pour dépister le cancer du col, non ?
− Oui ! On va en reparler. Comme c’est la première fois au cabinet on va créer un dossier, et je vais vous poser plein de questions. Si certaines vous semble trop personnelles, dites le moi. » Et je rappelle les règles du cabinet.
On discute.
Je pense qu’ouvrir un dossier est une super invitation à la discussion. Les questions en cachent d’autres, certaines sont redondantes. On parle de violences, de tabac et de sport ; on parle aussi déjà du frottis qu’on va faire dans dix minutes. Je sens au fur qu’elle se détend.
« Bien. Je vous laisse passer derrière le paravent. Vous avez une chaise pour vos affaires, et une balance si vous souhaitez monter dessus. Je vous laisse vous installer sur la table et vous m’appelez quand je peux venir ? »
Je sais que je marche sur des œufs. Je veux que l’expérience soit bonne. Après toutes les histoires de première consultation traumatisante que j’ai entendu, j’aimerais que ça n’arrive pas chez moi.
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